Cela paraît improbable, mais ce n’est pas aussi fou qu’il y paraît. De la même manière que les moteurs thermiques vont récupérer la chaleur dégagée par les usines ou les salles de serveurs, le chauffage aux égouts va employer la chaleur des eaux usées de la ville.
Un système déjà approuvé
En effet, la ville de Paris n’est pas une ville test. Ce système de chauffage par récupération de la chaleur des eaux usées est déjà utilisé pour plusieurs bâtiments publics à Bordeaux et Levallois-Perret. Depuis près de 10 ans, ce système représente plus de 30 % du besoin énergétique des bâtiments concernés.
Un autre projet de récupération de la chaleur des égouts a aussi été conclu en 2019, à Paris même dans le XIᵉ arrondissement. Ainsi, le projet en cours dans le Xᵉ arrondissement n’est pas réellement nouveau. C’est plutôt la continuité de quelque chose qui a été amorcée depuis deux ans dans la capitale. Le but serait de faire tourner les radiateurs de cinq bâtiments publics près de la place du Colonel-Fabien.
Suez est l’exploitant de cette rénovation et prévoit de fournir 60 % des besoins énergétiques des bâtiments publics dès que le système sera en place. Avec l’investissement de 2 millions d’euros pour ce chantier et les 130 millions investis tous les ans pour la transition écologique, la maire de Paris Anne Hidalgo compte mener à bien son objectif de transition écologique
Après tout, la ligne 11 du métro chauffe déjà un batiment tout entier, alors tout est possible !
Le réseau des égouts de Paris
La ville de Paris est idéalement construite pour ce genre de rénovations en plus. Pour que cela fonctionne, il faut placer une fine plaque qui est l’échangeur thermique dans les égouts, dans des endroits sans virage. Avec un système de pompes à chaleur et une eau sensiblement toujours plus chaude que l’extérieur en hiver (13°) et plus froide en été (20°), vous aurez un système réversible.
La ville possède un réseau de 2 600 km d’égouts avec des cunettes (caniveaux) très régulièrement inspectées. Ainsi, il y a moins de risques d’ensablement de cette dernière, et donc de défaillance du système.
À terme, la ville de Paris souhaite localement produire sa propre énergie renouvelable à hauteur de 40 % en 2030. Puis, à hauteur de 60 % en 2050. Sachant qu’en plus des divers plans de sobriété et transition énergétique, le plan climat de la ville de Paris lui impose un objectif très ambitieux, mais réalisable : une ville 100 % sans carbone en 2050.