Niché au 58 rue du Ruisseau dans le 18ème arrondissement de Paris, le bar Le Nant détonne par ses prix défiant toute concurrence. Après 37 ans d’existence, il reste l’un des bars les moins chers de la capitale. Son propriétaire septuagénaire Raymond s’accroche pour garder son troquet à flot malgré les fins de mois difficiles.

Un décor inchangé depuis les années 70 qui vaut le détour

En poussant la porte du Nant, c’est un véritable bond dans le passé. La déco n’a pas bougé depuis les années 1970 : banquettes en formica orange, luminaires circulaires en alu, une multitude de bibelots et photos anciennes sur les murs.

Mais ce qui frappe surtout, ce sont les dizaines de figurines de chouettes disposées un peu partout. Raymond explique que tout a commencé quand il avait une chouette vivante chez lui.

Les clients se sont alors mis à lui en ramener en souvenir de vacances. Même si l’oiseau n’est plus de ce monde depuis longtemps, la collection ne cesse de s’agrandir.

Raymond, 77 ans, un patron-orchestre attentionné

Depuis 30 ans derrière le zinc, Raymond voit défiler les générations. Si les étudiants passent, les piliers de comptoir restent. Certains habitués reviennent même après 10, 20 ou 30 ans d’absence. À 77 ans, hors de question de parler retraite à ce patron timide et modeste qui pose un regard bienveillant sur sa clientèle.

Car ici, Raymond est chez lui. Plus qu’un patron, c’est un chef d’orchestre attentionné, ressort immanquablement ses clients, plaisante et raconte avec malice quelques anecdotes croustillantes qui ont marqué l’histoire du bar : un feu d’artifice maison qui vire au drame un soir du 14 juillet ou encore une équipe de jeunes réalisateurs investissant les lieux le temps d’un film d’horreur potache.

Le Nant : un bar menacé malgré des prix imbattables

Pourtant, malgré des tarifs défiant toute concurrence qui n’ont pas bougé depuis des lustres, l’avenir du Nant semble menacé. Criblé de dettes, Raymond refuse d’augmenter ses prix. Chaque jour est une bataille pour régler les factures.

Il rêve d’un miracle et d’un afflux de clients pour renflouer les caisses, en attendant il s’accroche. Les habitués le soutiennent tant bien que mal, appréciant ce lieu unique figé dans le temps mais terriblement vivant.

Au Nant, on vient chez Raymond comme on rendrait visite à un vieil ami pour refaire le monde autour d’un verre. Un témoignage touchant d’une certaine époque et d’un Paris populaire qui tend à disparaître.