Paris, la Ville Lumière, la cité de l’amour, Lutèce… Au fil des siècles, notre capitale chérie s’est vue affublée de nombreux surnoms plus ou moins flatteurs. Mais l’un d’entre eux a su traverser les époques et reste encore aujourd’hui dans toutes les bouches : « Paname ». Popularisé par les chansons de Maurice Chevalier ou plus récemment Slimane, ce sobriquet aux consonances argotiques intrigue. D’ailleurs, si vous êtes aussi curieux(se) que nous, on parie que vous vous êtes déjà demandé d’où vient ce surnom. Alors, comme on ne veut pas vous laisser sans réponse face à cette question ô combien pertinente, on vous répond !
Un scandale financier à l’origine du surnom ?
L’une des hypothèses les plus répandues ferait remonter l’apparition de « Paname » à la fin du XIXe siècle, plus précisément en 1892.
Cette année-là éclate le retentissant scandale de Panama. Cette affaire de corruption liée à la construction du canal de Panama éclabousse de nombreux politiciens et industriels de la Troisième République. Des centaines de milliers de petits épargnants sont alors ruinés.
Les « panamistes », ces corrompus honnis, deviennent donc la cible de toutes les critiques. Rapidement, en province, le terme se met à désigner par extension l’ensemble des Parisiens, jugés arrogants et malhonnêtes.
« Paname » devient alors le surnom méprisant donné à la capitale, ville de tous les excès. Les maraîchers de banlieue, obligés de s’acquitter d’une taxe pour vendre leurs produits aux Halles, auraient été parmi les premiers à l’employer.
L’élégance du chapeau panama
Mais le scandale de Panama n’explique peut-être pas tout. Selon certains historiens, le surnom de la capitale pourrait aussi venir du fameux chapeau « panama ».
Cet accessoire en paille tressée, porté à l’origine par les ouvriers du canal pour se protéger du soleil, devient très en vogue chez les élégants parisiens à la fin du XIXe siècle.
« Paname » aurait alors pu désigner dans un premier temps la « ville des élégants », avant de prendre une connotation plus ironique et désabusée suite au scandale financier. La cité des mirages et des illusions perdues en quelque sorte…
La guerre de 14-18 consacre « Paname »
Malgré ces origines troubles, il faut attendre la Première Guerre mondiale pour que l’usage de « Paname » se répande comme une traînée de poudre. Les soldats dans les tranchées chantent « Tu le r’verras Paname », un air populaire qui évoque avec nostalgie les charmes de la capitale.
Après l’Armistice, « Paname » s’impose définitivement dans le langage courant, supplantant « Pantruche » (eh oui, celui-là on le connaît moins mais il est tout aussi sympathique), un autre surnom en vogue au XIXe.
C’est surtout le milieu du cabaret et du music-hall qui contribue à le populariser, avec son lot de chansons gouailleuses. Maurice Chevalier ou Léo Ferré en feront d’ailleurs un tube.
Un nom d’amour pour Paris
Même s’il fleure bon les années folles et les fiacres, le sobriquet « Paname » n’est pas près de disparaître. La preuve, en 2016 le chanteur Slimane en fait le titre d’une de ses chansons. Presque un siècle après Maurice Chevalier !
Ce surnom, malgré les zones d’ombre de son étymologie, reste définitivement associé à Paris et à une certaine idée de la ville. Un brin canaille, populaire, impertinente mais toujours aimée. Une manière tendre et argotique de nommer la capitale et de se l’approprier. Comme un nom d’amour que l’on donnerait à l’être cher…