Si elle n’est pas la plus connue ni la plus fréquentée du métro parisien, la station Glacière n’en demeure pas moins très intrigante. Eh oui, si vous êtes comme nous, vous y êtes sûrement déjà passés en vous demandant “mais pourquoi donc cette station s’appelle-t-elle comme ça ?”. Alors, comme chez OutgoMag on n’aime pas rester dans l’ignorance, on a fait nos petites recherches et on va vous dire pourquoi la station glacière porte ce nom !

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Le temps où Paris conservait naturellement la glace

Pour percer le mystère de ce nom, il faut remonter au début du 20ème siècle, lors de l’inauguration de la station en 1905 (à l’époque sur la ligne 5). À cette période, le metro desservait un hameau du 13ème arrondissement baptisé… « La Glacière ».

Alors quand on sait ça, on comprend que la station s’appelle Glacière mais ça ne suffit pas à expliquer pourquoi le terme Glacière a été utilisé…

En fait, ce curieux nom faisait référence à la rivière la Bièvre qui traversait alors le quartier. Prenant sa source à Rungis, cette modeste rivière sinueuse (aujourd’hui enterrée) arrosait les terres agricoles des faubourgs parisiens avant de se jeter dans la Seine au niveau de la Gare d’Austerlitz.

Chaque hiver, son cours d’eau peu profond gelait, donnant naissance à d’épaisses plaques de glace qui recouvraient la Bièvre sur plusieurs kilomètres. Un phénomène naturel qui n’avait alors rien d’exceptionnel.

L’hiver venu, les Parisiens avaient donc la singulière habitude de venir y découper d’épais blocs de glace gelée qu’ils stockaient ensuite dans des puits profonds creusés alentour.

metro station in paris

Une technique ancestrale de conservation des aliments

Plus précisément, les riverains de la Bièvre aménageaient de véritables glacières naturelles le long des berges : des puits de 2 à 5 mètres de profondeur recouverts de paille. Ils y entassaient les énormes pains de glace découpés dans la rivière gelée.

Une méthode de conservation rudimentaire mais efficace ! Grâce à cette astucieuse technique, les Parisiens pouvaient ainsi conserver leurs aliments au frais même pendant les chaleurs de l’été. Un savoir-faire ancestral parfaitement adapté avant l’invention des réfrigérateurs.

Cette french ice servait notamment à confectionner les fameuses glaces et sorbets parisiens qui faisaient la réputation des glaciers de la capitale. Mais elle permettait également de rafraîchir les boissons des plus aisés pendant les chaleurs estivales.

Un nom resté fidèle à l’histoire

C’est de cette activité ancestrale que la rue avoisinante tira son nom de « Glacière », faisant référence aux nombreux puits de stockage de glace naturelle creusés le long de la Bièvre.

La station de métro ouverte en 1906 sur la ligne 5 à l’époque adopta donc logiquement cette appellation évocatrice.

Aujourd’hui sur la portion aérienne de la ligne 6, nichée entre les boulevards des Maréchaux, rien ne laisse deviner cette origine glaciale quand on emprunte la station Glacière. Seules ses verrières et ses poutres métalliques rappellent l’architecture avant-gardiste du métro parisien à ses débuts. Mais en connaissant son histoire singulière, on abordera ce lieu d’un regard nouveau !

Alors la prochaine fois que vous l’emprunterez, n’hésitez pas à vous remémorer ces anecdotes glacées mais ô combien croustillantes ! De quoi mettre un peu de fraîcheur dans les couloirs du métro…

 

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